Alain Alquier est peintre et photographe, né à Tarbes en 1947 et diplômé des Beaux- Arts de Toulouse (C.A.F.A.S et D.S.N.B.A)
"Des mains d'oracle,
Peindre, pour Alain Alquier, est un acte de ferveur qui aboutit sans aucun doute à une rédemption. Je reconnais dans les grandes silhouettes dansées les pas de l'homme sur la terre du Gers, l'homme planté, vérifiant l'aspect tendre des collines, la main en visière, clignant du regard afin de permettre aux paysages de pénétrer ses veines. Il restituera plus tard dans la pénombre de l'atelier ces racines enfouies, tordues, en prière vers le ciel. Les mouvements du Christ en croix, mais déjà ressuscité, en gloire dans la mandorle grise, appartiennent au vertige de l'extase et c'est la peinture mise à l'épreuve qui retentit alors avec une économie de couleurs : des noirs, des blanc fâchés, parfois le signe rouge du sang ensanglanté. Ce sont les réserves de l'humilité qui habitent ces toiles. Le visage vrai du peintre apparaît, silencieux. Il interroge le vide, le pare de volutes claires qui rivalisent avec les fils de la Vierge. Je vois le peintre devant sa toile, nu de l'âme, comme un piétinement de genoux sur le seuil d'un possible ; il prend la mesure avec la vie, la tord, l'incline dans un ciel persistant de houille grise. On pense alors aux compositions hirsutes et folles du Gréco, le corps représenté emprunte à ce qui a toujours été contemplé dans la limite du regard, aux alentours : la vigne, ou plutôt l'esprit vrillé des ceps, ceps que Alain Alquier va aussi cueillir dans les averses de son enfance et qu'il distribue sur la surface de la toile. Là, la transsubstantiation s'agite, confortée d'éclairs vifs, de gestes bourrés de certitude et juste ce qu'il faut de doute et d'hésitation pour conforter le regard de celui qui regarde. Et parfois, il faut s'en retourner, c'est à dire tourner le dos à la toile pour ne plus être convoqué par sa gravité."
Jean-Gilles Badaire
Mars-Avril 2016